Rodenbach : une histoire riche en savoir-faire

Voici 200 ans déjà que Rodenbach fait figure de valeur sûre à Roeselare. Portée sur les fonts baptismaux en 1821 par Alexander, Ferdinand Gregoor, Pedro et Amalia Rodenbach, la brasserie fête aujourd’hui son anniversaire en éditant un très beau livre commémoratif et une toute nouvelle bière : la Rodenbach Red Tripel. Mais à vrai dire, la Spanjestraat est le théâtre du brassage de la bière depuis bien plus longtemps que cela. Petit retour dans le passé…

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Rodenbach au fil du temps

En 2021, Rodenbach est la référence mondiale incontestée en fait de bière rouge-brun de Flandres. Cette bière aigre typique, dont le goût sans pareil est apprécié autant chez nous qu’à l’étranger, n’est brassée que dans la région de la Lys. Rien d’étonnant dès lors que Roeselare et Rodenbach soient intrinsèquement liées.

Rudi Ghequire, maître-brasseur chez Rodenbach : « La brasserie est une valeur incontournable de la Spanjestraat depuis 200 ans, mais l’activité brassicole dans cette rue remonte à plus longtemps. Tout commence lorsque Pieter Ferdinand Rodenbach, médecin militaire allemand, débarque en Flandre avec les armées autrichiennes. Après avoir été capturé à Lille puis libéré en 1749, il s’installe avec sa femme à Roeselare, où il reprend la pratique de la médecine. En 1797, son fils aîné, Pieter Ferdinand, médecin lui aussi, décide de racheter la brasserie "Het Paradijs" située dans la Spanjestraat et de la convertir en distillerie de genièvre. La génération suivante, incarnée par Alexander Rodenbach, reprend ensuite la brasserie "Clein Spaignien" établie dans la même rue, à l’emplacement actuel de la brasserie Rodenbach. »

La famille Rodenbach a compté parmi ses membres de nombreux soldats, poètes, écrivains, brasseurs et entrepreneurs, mais aussi des révolutionnaires et des hommes politiques pragmatiques. Une famille tout aussi inoubliable que la bière rouge-brun qui porte son nom.

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Un procédé de brassage traditionnel

« La méthode à laquelle nous avons recours aujourd’hui encore date du bas Moyen-Âge », raconte Rudi. « À l’époque, on utilisait le gruut en lieu et place du houblon, un mélange d’épices locales, principalement exploité dans les monastères et les abbayes. » Après fermentation, une partie de la jeune bière repose 2 ans dans les légendaires fûts de chêne 294 (ou foudres). La flore bactérienne et les levures sauvages y produisent des acides organiques qui se transforment alors en esters fruités. « Bières jeune et mûre sont ensuite assemblées pour donner, selon les proportions, la Rodenbach Classic, la Grand Cru ou la Vintage. Cette dernière vieillit dans un foudre choisi avec soin, le meilleur de l’année. »

La Rodenbach Red Tripel est un bel exemple de savoir-faire, qui ravira de nombreux amateurs de bière. Délicieuse avec un fromage à pâte molle ou à croûte fleurie !

Jo, onze biersommelier

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Rodenbach Red Tripel, une bière originale

En l’honneur de ses 200 ans, Rodenbach a décidé de produire une triple, aussi peu conventionnelle que la brasserie elle-même. La Red Tripel est inspirée de l’assemblage ancestral d’une jeune triple et d’une bière vieillie 2 ans en foudres de bois. Les proportions exactes ? C’est un secret. En revanche, on connaît le résultat : cette fraîcheur douce-amère typique de la Rodenbach, associée à un caractère malté et fruité. Une bière commémorative qui, malgré ses 8,2 % vol, se boit facilement… et que vous ne devez manquer sous aucun prétexte !